Pour empêcher la procréation, la contraception comporte aujourd'hui trois volets selon que l'on s'adresse à des méthodes « naturelles », des méthodes inhibitrices de l'ovulation ou à des méthodes prédictives. Malgré l'efficacité de ses moyens actuels, la contraception a un tel taux d'usure et d'échecs qu'elle n'a pas eu, hélas, l'influence escomptée sur l'avortement. Méthodes empiriques « en famille » La volonté de s'opposer à la grossesse en modifiant les conditions naturelles du coït est aussi vieille que la prise de conscience du rapport existant entre le sperme et la naissance.
Relation de cause à effet qui ne date pas de l'aube de l'humanité, comme l'atteste l'observation de quelques ethnies dites encore « primitives » de nos jours, ou le
« savoir » médical du Moyen Âge. Truqué par les enjeux d'ordre religieux, ce dernier apparaît comme un véritable embrouillamini : il fixe l'origine du sperme dans le cerveau et juge l'orgasme
féminin indispensable à la fécondation ! Dès que sera enfin compris, au Moyen Âge, le rôle joué par l'éjaculation, la volonté d'en contrarier le parcours va déboucher sur des méthodes empiriques
de « contrôle des naissances » : coït interrompu, usage de tampons vaginaux les plus variés, préservatifs masculins (bien avant la découverte du latex) et, il y a une trentaine d'années, repérage
de la période d'ovulation à partir de la température matinale, ou auto-observation de la filance de la glaire cervicale. Ces contraintes ont en commun leurs succès très relatifs et leur caractère
spontané, autonome, naturel.
Pilule sur ordonnance
Depuis que les découvertes sur la biologie de la reproduction ont abouti, dans les années 1960, à la « pilule », on peut parler d'authentique maîtrise de la
fertilité.
L'efficacité est totale; les hormones absorbées 21 jours par mois vont « duper » les ovaires qui stoppent la maturation des ovules... comme ils le font lors d'une
grossesse. Mais cette sécurité a un prix : la pilule est un médicament. Tout médicament est toujours responsable d'effets indésirables justifiant une surveillance médicale. L'implication du
pouvoir médical dans un choix personnel de style de vie privée pose des problèmes humains qui n'ont pas été pressentis par le législateur. Il peut arriver qu'un gynécologue refuse de donner la
pilule à une mineure, au nom de convictions religieuses par exemple. Ces problèmes sont d'autant plus injustes que l'équivalent masculin de cette contraception hormonale demeure encore
introuvable...
Détruire le nid
C'est en prévision de l'abandon de la pilule par des femmes à risques qu'il existe deux autres méthodes de contraception « par défaut » : le stérilet, mis en place
à l'intérieur même de l'utérus, et les « pilules du lendemain » vont interdire la nidation d'un ovule éventuellement fécondé en inactivant la muqueuse utérine. Prévention ou prédiction du fait
qu'il peut y avoir grossesse ? Peu importe, la préemption médicale sur l'arbitrage des convictions du couple est ici encore plus flagrante. Ce qui explique nombre de résistances et d'«
intolérances » au dispositif intra-utérin : en effet, certains perçoivent l'usage du stérilet ou de la pilule du lendemain comme un avortement, puisqu'ils considèrent que l'ovule fécondé est déjà
un être humain.
La pilule agit-elle sur le désir de l'homme ?
L'interdit est l'un des moteurs du désir. En effet, certains hommes jouent avec l'idée qu'ils ont le pouvoir de mettre leur femme enceinte à chaque rapport sexuel
(il s'agit d'un fantasme). Ils peuvent alors se trouver perturbés par le fait qu'avec la contraception, il n'y a aucun risque !
Idée reçue
L'idée la plus nocive, la plus hypocrite, c'est que la contraception « donne enfin la permission » de faire l'amour !
Les familles de contraceptifs
II en existe trois principales :
- les moyens invisibles (pilule, stérilisation) ;
- les dispositifs apparents (stérilet patch, implant) ;
- les produits à usage unique (diaphragme, ovule, préservatif), qui exigent une manipulation des organes génitaux. Plus une méthode est flagrante et impudique, plus
il existe d'arguments pour l'abandonner.
http://couple-sexualite.com/
À propos de l'auteur :
Jacques Waynberg est président du Syndicat national des sexologues et sexothérapeutes. Il est médecin, psychologue et est considéré comme le pionnier de la
sexologie française. Il est l'auteur de "Jouir, c'est aimer"...